Suspension du journal en ligne ALWIHDA INFO pour la publication de déclarations diffamatoires et communautaires portant atteinte à la cohésion et à la discipline au sein de l’armée
La Haute Autorité des Médias et de l’Audiovisuel (HAMA) a émis la décision numéro 031/HAMA/S6/2022, qui suspend le journal en ligne ALWIHDA INFO pour la publication de déclarations diffamatoires et communautaires portant atteinte à la cohésion et à la discipline au sein de l’armée.
Cette décision, fondée sur la Charte de Transition révisée, la loi sur l’organisation et le fonctionnement de la HAMA, ainsi que la loi sur le régime de presse et des médias électroniques, fait suite à deux articles rédigés par M. Djimet Wiché, le Directeur de Publication d’ALWIHDA INFO.
Dans le premier article intitulé « Tchad : Un Colonel limogé pour avoir dénoncé les discriminations contre la communauté Touba Bargate (Zakawa) au sein de l’armée », M. Djimet Wiché rapportait que le Colonel Sougour Dougouli Sabora avait exposé les discriminations subies par les officiers de la communauté Touba Borgate (Zakawa) en matière de promotions et d’avancements au sein des forces de défense et de sécurité. L’article affirmait également que la junte actuellement au pouvoir depuis le décès du Président Idriss Déby Itno lors du conflit avec la rébellion FACT avait instauré une atmosphère de peur par une militarisation excessive de la capitale.
Le second article intitulé « Tchad : Une Réponse Totalement Ratée face aux Discours Belliqueux du Chef de la Junte Kakas Qu’a » critiquait le Président de la Transition pour avoir prononcé une déclaration belliqueuse au lieu d’un message rassurant et unificateur en cette période de transition. M. Djimet Wiché accusait le département de communication présidentielle de ne pas avoir réagi face à la faute grave du chef de la junte et appelait à un changement radical de gouvernance pour remédier à la détérioration catastrophique du Tchad.
Lors des auditions tenues les 22 et 24 août 2023, M. Djimet Wiché a défendu ses articles en affirmant que son intention était d’informer le public et d’attirer l’attention des autorités militaires sur les risques potentiels au sein de l’armée. Il prétendait avoir contacté la hiérarchie militaire pour obtenir leur version des faits, mais n’avoir reçu aucune explication.
Cependant, la HAMA a constaté que l’article sur le limogeage du colonel manquait d’intégrité journalistique et constituait une fabrication inappropriée pour une publication par un journaliste ou un média de renom. De plus, la HAMA a souligné qu’un journal, une radio ou une chaîne de télévision ne devrait pas servir de plateforme pour des déclarations communautaires issues d’un groupe WhatsApp privé et fermé, car de telles déclarations peuvent nuire à la cohésion et à la discipline au sein de l’armée.
La décision faisait référence aux lois et règlements pertinents, notamment l’article 5 de la loi sur la presse qui stipule qu’un service de presse en ligne doit fournir un contenu original constitué de nouvelles liées à l’actualité et soumises à un traitement journalistique tel que la recherche, la vérification et la mise en forme. Elle faisait également référence à l’article 102 de la même loi qui interdit la publication d’articles incitant à la haine tribale, ethnique, communautaire, raciale ou religieuse.
De plus, la décision invoquait l’article 83 de la loi sur la presse qui interdit toute provocation dirigée contre les forces de défense et de sécurité dans le but de les détourner de leurs devoirs militaires et de leur obéissance à leurs supérieurs. L’article 13 du Code de déontologie et de déontologie des journalistes tchadiens, qui interdit l’incitation au tribalisme, au régionalisme, au sectarisme, à la xénophobie, à la haine, à la violence, à la rébellion, au crime et à l’offense, aégalement été mentionné.
En raison de ces violations, la HAMA a décidé de suspendre ALWIHDA INFO pendant huit jours consécutifs, à partir du 26 août 2023. Le Directeur de Publication d’ALWIHDA INFO a été rappelé à l’importance de se conformer à la décision, et il a été souligné que de nouvelles violations entraîneraient des sanctions plus sévères prévues par la loi.