Tchad: Vers une Révision de la Formation des Pilotes de l’Armée dans la Lutte Anti-Djihadiste

Bousculée par une attaque meurtrière de Boko Haram fin octobre, l’armée tchadienne envisage de renforcer l’entraînement de ses pilotes afin de mieux soutenir ses opérations de contre-insurrection. En effet, l’attaque survenue le 28 octobre dans la région du lac Tchad, ayant coûté la vie à une quarantaine de soldats à Barkaram, a ravivé les discussions au sein de l’état-major sur l’utilisation des moyens aériens et la formation des pilotes de l’armée de l’air. Depuis plusieurs mois, le haut commandement a engagé des consultations pour améliorer la formation des équipages des avions d’attaque légers Hurkus. Ces trois appareils, livrés à N’Djamena en avril 2023 par Turkish Aerospace Industries (TAI), ont été accompagnés d’une équipe d’instructeurs chargée de former les militaires tchadiens. Cependant, cette formation initiale s’est avérée insuffisante, car elle n’a pas permis aux pilotes de maîtriser les techniques indispensables pour appuyer efficacement les opérations de l’Armée nationale tchadienne (ANT) dans cette zone, où les combats sont particulièrement violents. Par ailleurs, la riposte tchadienne, baptisée Haskanite, a récemment coûté la vie à plusieurs généraux de l’ANT, illustrant la gravité de la situation. Dans ce contexte, le général Hassan Idriss Déby, numéro deux de l’armée de l’air et frère du chef de l’État Mahamat Idriss Déby, a proposé de confier à un prestataire privé la mission d’améliorer le niveau de formation des pilotes. Cette initiative viserait à mettre en place des modules d’entraînement avancés, tant théoriques que pratiques. En effet, les exercices de tir à la roquette guidée-laser Roketsan Cirit, dont sont équipés les avions Hurkus, pourraient devenir un élément central de ces nouveaux programmes. Cependant, le général Idriss Amine Ahmed, patron de l’armée de l’air tchadienne, exprime des réserves quant à cette orientation. Bien qu’il reconnaisse que les résultats des aéronefs récemment acquis tardent à se concrétiser, il reste prudent face à l’idée de miser sur une formation externalisée. En plus des Hurkus, N’Djamena a également réceptionné deux drones d’attaque Anka et au moins un drone Aksungur, qui se distinguent par leur autonomie de vol et leur puissance de frappe. En somme, la révision de la formation des pilotes de l’armée tchadienne apparaît comme une nécessité stratégique dans la lutte contre le djihadisme. Alors que la situation sécuritaire dans la région du lac Tchad demeure préoccupante, l’optimisation des capacités aériennes pourrait être cruciale pour renforcer l’efficacité des opérations menées par l’ANT. Le débat sur l’approche à adopter pour former les pilotes se poursuit, soulignant les défis auxquels le Tchad doit faire face dans sa lutte contre les groupes armés.

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